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Mozambique : à Cabo Delgado les femmes sont la proie privilégiée des djihadistes

Human Rights Watch dénonce les enlèvements, l’esclavage et les violences faites aux femmes par des djihadistes dans le nord du Mozambique. Dans un rapport récemment publié, l’ONG estime qu’au moins 600 jeunes femmes et filles ont été kidnappées dans la province de Cabo Delgado depuis 2018.

Human Rights Watch décrit le modus operandi des djihadistes dans leurs localités : lors des raids dans les villages, les combattants sont signalés aux femmes et aux filles célibataires de plus de 12 ans.

De retour au camp, ils sont séparés. Les peaux plus jeunes, apparemment saines et plus claires, sont données comme épouses aux miliciens, ou vendues à des combattants étrangers. Leur valeur ? De 600 $ à 1 800 $.

Le reste des femmes est responsable de l’entretien des camps et des champs, ou fait face à des rançons pouvant aller jusqu’à 15 000 $.

A lire aussi : Mozambique : « Nous avons servi d’esclaves », dit un rescapé du groupe jihadiste Shebab

Le rapport de Human Rights Watch s’appuie sur les témoignages d’une cinquantaine de personnes : des femmes libérées, leurs familles et des représentants des autorités.

L’organisation souligne également le manque d’organisation et de transparence à cet égard de la part du gouvernement, notamment dans l’accueil des victimes. La plupart ont réussi à retourner dans leurs villages, d’autres refusent de peur d’être stigmatisés.

Le Cabo Delgado fait l’objet d’attaques terroristes depuis octobre 2017. Le groupe Shebab a prêté allégeance à l’organisation État islamique en avril 2018. Ce conflit a fait plus de 3 500 morts et 800 000 déplacés.


« Nous devons protéger et soutenir les femmes de retour »

Entretien avec Zenaida Machado, auteur du reportage, rattaché à Maputo.

RFI : Comment avez-vous pu quantifier le nombre de femmes kidnappées ?

Il est important de noter que le nombre de 600 femmes enlevées est une estimation basée sur ce que nos sources nous ont dit et sur des informations de presse. Mais il existe d’autres groupes au Mozambique qui traitent de ce sujet et estiment qu’il y a des milliers de victimes. Le fait est que nous ne connaissons pas le nombre total de femmes kidnappées. Le gouvernement n’a pas pu nous donner de chiffre, ni même nous dire combien ont été aidés. Donc ce qu’on peut dire c’est qu’il y a au moins 600 victimes, mais en réalité c’est plus de 600.

Depuis juillet, des troupes étrangères, principalement rwandaises, sont déployées pour contrer les jihadistes. Cela a-t-il amélioré la situation ?

Ce que je peux vous dire, c’est que le dernier enlèvement que nous avons enregistré a eu lieu dans le district de Macomia en octobre dernier, et c’était bien après le Troupes rwandaises, mozambicaines et SADC prétendre avoir repris le contrôle de cette région. Cela signifie qu’il n’y a pas de plan de protection pour les femmes contre ces enlèvements. La stratégie pour les sauver n’est pas non plus très claire.

De plus, il faut se demander ce qu’il advient des femmes si elles sont libérées ou parviennent à s’échapper. Ceux à qui nous avons parlé ont réussi à atteindre leurs communautés par eux-mêmes, mais d’autres ne voulaient pas revenir parce qu’ils avaient honte et avaient peur d’être stigmatisés.

Certaines avaient des enfants de combattants, d’autres étaient enceintes et craignaient de ne pas être les bienvenues dans leurs communautés. Il y a aussi un autre groupe secouru par les forces de sécurité, qui a été annoncé publiquement, bien que le nombre soit inconnu. Ces personnes ont été transférées à la salle de sport de Pemba, mais on ne sait pas quel est leur état, ni si elles ont reçu un traitement médical ou psychologique pour leur traumatisme.

Attendez-vous plus de transparence de la part des autorités sur ce sujet ?

Oui, ce que nous voulons, c’est qu’elles soient plus transparentes, mettent en place des mécanismes pour protéger les femmes et soutenir celles qui sont sauvées.

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