« Paul Celan a créé un langage différent. Ce sont les propos d’Anselm Kiefer, confié au micro de Point, qui pour cette fois (encore une fois) rend hommage verbal à l’un des plus grands poètes germanophones de l’après-guerre, le temps de cette exposition parisienne. « L’artiste allemand nous invite à voyager dans le temps, à travers le XXe siècle », déclare le président de la Réunion des musées nationaux-Grand-Palais, Chris Dercon. Un ouvrage monumental sur la mémoire européenne qui, selon les habitudes de son auteur, reste aussi poétique que sombre. Aussi gigantesques sont ces 19 toiles, qui occuperont tout l’espace de l’éphémère Grand Palais du 17 décembre 2021 au 11 janvier 2022, signées de ces mots : « Pour Paul Celan ».
Car c’est bien un uvre globale, monumentale, on pourrait dire aussi qu’elle est dédiée à l’auteur du célèbre poème « Todesfuge », qui fut écrit en 1945 après la libération des camps. « Celan ne se contente pas de ne rien contempler, il l’a vécu, vécu, vécu », explique l’artiste à propos du poète roumain, dont les parents sont morts victimes de la Shoah. Toute sa vie, il s’est efforcé de transmettre le témoignage de la Shoah à travers ses écrits : « Il n’arrêtait pas de parler de ce qui était arrivé à sa famille, avec lui, avec tous ceux qu’il connaissait », raconte Chris Dercon. Pour cette production ce fut au tour de Kiefer d’être, au-delà du talent littéraire du poète, le « témoin du témoin », qui à travers ses vers fit la perte de repères, l’évaporation des enseignements du XX. Siècle redouté.
Qui ne connaît pas l’histoire, ne peut imaginer l’avenir. […] C’est une exposition très dédiée, c’est aussi un avertissement.
Le résultat de décennies de créations inspirées par les poètes suffit-il pour aboutir à une telle livraison ? Ou en tout cas, pour garantir que rien n’est jamais supprimé ? « Les Allemands ont dit en 1945 : ‘C’est l’heure zéro’, mais j’ai toujours dit que ce n’était pas l’heure zéro, ça continue », a déclaré Kiefer au micro du Point. Ça continue sous un mince manteau de démocratie, de liberté… « Et pour continuer, inquiets », il y a des bulles de fascisme qui montent, que ce soit en Europe ou aux États-Unis. « Et avec leurs immenses toiles, tout aussi impressionnantes que le travail de l’atelier de l’artiste édité pour l’occasion, elles sont toutes des « signaux d’alarme », prévient l’animateur des conflits de lieux que l’artiste nous présente dans cette courte fin de exposition de l’année.
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Quelle combinaison forte ! Ce n’est pas la première fois qu’Anselm Kiefer s’intéresse au travail de Celan. La rencontre spirituelle entre ces deux personnages hors du commun risque de faire des étincelles. C’est dommage que cette exposition ne dure qu’un mois.
Encore un escroc de « l’art contemporain »…
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