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Critique / « Petit Pays » (2020) : témoignage poignant d’un génocide – Bulles de Culture

La critique et l'avis de Bulles de Culture du film "Petit Pays", film hommage sur le génocide rwandais, adaptation du roman de Gaël Faye.

Le film Petit Pays d’Eric Barbier est dans les salles de cinéma ce vendredi 28 août 2020. L’oeuvre avec Jean-Paul Rouve est l’adaptation du best seller de Gaël Faye, auteur originaire du Burundi. L’avis et la critique de Bulles de Culture sur ce film relatant les massacres terribles autour du génocide rwandais. 

Dans les années 1990, un petit garçon (Djibril Vancoppenolle) vit au Burundi avec son père (Jean-Paul Rouve), un entrepreneur français, sa mère rwandaise (Isabelle Kabano) et sa petite soeur (Delya de Medina). Il passe son temps à faire les quatre cents coups avec ses copains de classe jusqu’à ce que la guerre civile éclate mettant une fin à l’innocence de son enfance.

Le Burundi, tout le monde en a entendu parlé mais peu de personnes savent où il se situe exactement. Premières images du film, une carte du pays montre que celui-ci touche le Rwanda. Puis, un zoom arrière fait prend conscience de la taille minuscule de ce petit état au sein du continent Africain, resté pourtant tristement dans les mémoires suite aux terribles évènements ethniques. 

Petit Pays débute par l’immersion dans la vie quotidienne paisible des habitants du Burundi, sous le prisme des yeux d’un petit garçon, Gaby Chappaz. Celui-ci, un brin chenapan, est entouré d’un groupe soudé de cinq garçons, regroupés sous le nom « les 3 mousquetaires ». Cette fine équipe s’adonne aux petites bêtises caractéristiques de cet âge de l’innocence. Ils vendent aux automobilistes quelques mangues volées à des prix exorbitants, n’écoutent pas bien en classe ce qui leur vaut les réprimandes bienveillantes de leur institutrice française, Madame Economopoulos.

Sur le plan familial, Gabriel vit avec son père français expatrié, sa petite soeur et sa mère Rwandaise. Malgré la dureté de cette dernière avec ses enfants, dont la culture africaine n’est pas propre aux longues embrassades, la famille coule des jours heureux comme en témoigne la scène de voiture où ils fredonnent tous ensemble la chanson Sambolera Mayi Son de l’artiste burundaise Khadja Nin.

Tout jusque là est très fidèle au livre de Gaël Faye. On retrouve tous les détails qui avaient conquis à la découverte de ce prix Goncourt des Lycéens 2016. Cependant, le film Petit Pays va malheureusement perdre cette narration juvénile, inhérente au roman de Gaël Faye, lorsque les tensions politiques interviennent dans le scénario.

À la suite d’un coup d’État contre le président du Burundi élu démocratiquement, une guerre civile survient au Burundi, désorganisant toute la région. Les deux tribus Hutus et Tutsis vont s’entretuer à travers un génocide sans précédent. 

Le point de vue dramaturgique va se recentrer davantage sur le combat du père, obligé de tenir sa famille à bout de bras et de les protéger des horreurs extérieures. Le long métrage montre alors des scènes bien plus dures et plus crues que celles décrites dans le livre. L’un des moments le plus bouleversant est lorsque la mère de Gabrielle, devenue folle en découvrant sa famille abattue par les Hutus, vient voir sa fille en douce tous les soirs dans son lit l’obligeant à chanter des incantations pour rendre hommage aux morts. 

Eric Barbier est devenu un expert en adaptation littéraire. Après avoir s’être attelé de manière très brillante à l’oeuvre de Romain Gary avec Les Promesses de l’Aube, le réalisateur ne réussit que partiellement le passage au cinéma de Petit Pays, préférant un film hommage aux victimes du massacre au Burundi qu’un drame intimiste porté par le regard d’un jeune enfant, confronté dans son incrédulité à l’atrocité humaine. L’actrice Isabelle Kabano est stupéfiante en incarnant cette mère qui perd la raison.

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SOURCE: https://www.w24news.com

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