Le clivage entre les visions du Hezbollah
Deux titres récents du site d’Ici Beyrouth illustrent parfaitement les divergences profondes provoquées par la ligne de conduite guerrière du Hezbollah. Le premier titre fait référence à deux morts à Kahalé, une localité en ébullition, tandis que le second évoque un piano dans les souks de Tripoli pour promouvoir la culture. Ces titres mettent en lumière les deux visions diamétralement opposées de la vocation du Liban qui s’opposent violemment depuis des décennies. D’un côté, le Hezbollah agit en fonction des intérêts supérieurs de la République islamique à Téhéran, sans tenir compte des sensibilités socio-communautaires et de la géographie politique du pays. De l’autre côté, une vision prône un Liban libéral, pluraliste, ouvert sur le monde et attaché aux libertés.
La volonté du Hezbollah de maintenir un climat conflictuel permanent
L’affaire de Kahalé est une nouvelle illustration de l’état d’esprit qui dicte le comportement des chefs du Hezbollah. Ils cherchent à imposer aux Libanais, sous le couvert de la résistance, l’édification d’une société guerrière afin de maintenir un climat conflictuel permanent. Leur objectif est de bâtir une stratégie d’exportation de la révolution islamique, lancée par les pasdaran dès l’arrivée au pouvoir de l’ayatollah Khomeiny en 1979. Cependant, les Libanais aspirent aujourd’hui au bien-être et à une vie prospère après des décennies de souffrances et d’épreuves sanglantes. Ils réclament également l’édification d’un État souverain, efficace et fort, plutôt que de s’impliquer dans des conflits régionaux.
L’aveuglement du Hezbollah face à la géographie politique du Liban
Les chefs du Hezbollah semblent ignorer un paramètre fondamental de la vie publique libanaise : la géographie politique du pays. Le Liban compte des régions-symboles qui illustrent chacune une sensibilité, un inconscient collectif propre à une communauté déterminée. Kahalé est l’une de ces régions qui symbolisent un esprit résistant, tout comme Aïn Remmané, Achrafieh, Hadeth, Zahlé, Aïn Ebel, Becharré, Zghorta, Moukhtara, Baakline, Aley et Haret Hreik. Les habitants de Kahalé ont réagi de manière prévisible et légitime face au comportement provocateur des miliciens du Hezbollah. Les Libanais ont suffisamment subi les guerres des autres pour revendiquer aujourd’hui un certain bien-être et une vie normale, loin des attitudes hégémoniques des uns et des autres dans la région.
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