Home Le réveillon du Nouvel An est-il devenu la nouvelle Saint Valentin ?

Le réveillon du Nouvel An est-il devenu la nouvelle Saint Valentin ?

« On fait quoi pour le Nouvel an ? » Cette phrase, c’est sûrement la plus énervante de l’année. D’abord, on a rarement la réponse à cette question. Ensuite, ces quelques mots suffisent à nous nouer l’estomac. Alors pour éviter de mettre un coup de tête à son meilleur ami ou de choper un ulcère, certains ont tout simplement décidé de ne plus célébrer ce qui était à une époque « la fête la plus attendue de l’année ». Un peu comme la Saint Valentin, qui a fini par lasser pas mal de monde par son côté imposé et commercial.

Si la plupart se résignent à rejoindre les festivités au dernier moment – essentiellement par peur d’être seul avec sa bouillotte et son reste de coquillettes au beurre (attention, on ne juge pas) –, certains ont décidé de tirer définitivement un trait dessus. Chez 20 Minutes, on ne va pas vous le cacher, on aime bien faire la fête (et aussi manger des coquillettes, seul #MardiConfession). Alors on a essayé de comprendre pourquoi certains avaient décidé de bouder le réveillon du 31 et on a dressé une petite liste (non-exhaustive bien sûr).

  • Raison 1 : C’est la soirée la plus surcotée de l’année

D’abord, soyons honnêtes, le Nouvel An, c’est souvent la soirée la plus décevante de l’année. Trop préparée, trop chère, trop alcoolisée… Les raisons sont nombreuses. Pour Laura, 36 ans, qui reste bien au chaud chez elle depuis quelques années, c’est une soirée « comme les autres » : « Chaque année, on a beau tout organiser, cette soirée est toujours décevante. On voudrait qu’elle soit exceptionnelle, mais ce n’est rien de plus qu’une soirée comme une autre. On en attend tellement qu’on est forcément déçu et on commence la nouvelle année avec ce sentiment d’avoir raté quelque chose. » « A force de vouloir toujours faire mieux chaque année, c’est difficile de répondre aux attentes. On est forcément déçus et frustrés. Par expérience, les meilleures soirées sont celles qui ne sont pas prévues ou planifiées à l’avance », estime de son côté Jean, la trentaine.

  • Raison 2 : Je veux éviter l’infarctus

Mais en plus d’être (très) souvent décevante, cette fameuse soirée est surtout source de stress. « La pression sociale autour de cet événement est énorme. Il faut que la soirée soit géniale, qu’elle se déroule dans un lieu extraordinaire, qu’elle soit inoubliable », explique Julie, 25 ans. « Les fêtes, et particulièrement le Nouvel An, sont très codifiées, très ritualisées. Non seulement on doit faire la fête, mais en plus, on ne doit pas la faire n’importe comment. Ça engendre ce qui peut être assimilé à de la pression sociale », analyse Emmanuelle Lallement, professeur d’anthropologie à l’université Paris 8.

Pour Laurent Sébastien Fournier, anthropologue à Aix-Marseille Université, si certains font l’impasse sur le réveillon, c’est qu’il ne répond plus « aux attentes de la société » : « Dans un monde où l’on cherche la surprise, la nouveauté, la créativité et la spontanéité, le Nouvel An, c’est l’inverse : la répétition, l’éternel recommencement. » Et si vous pensiez y échapper en restant dans votre coin, détrompez-vous : « Il y a une certaine naïveté à dire qu’on y échappe. Le Nouvel An est inévitable, on y passe obligatoirement, qu’on le fête ou non. Ne pas célébrer, c’est encore organiser cette non-célébration, organiser sa solitude », estime le chercheur.

  • Raison 3 : Je n’ai rien à fêter

Si certains mettent en cause la pression sociale, pour d’autres, c’est le passage d’une année à l’autre, la sensation du temps qui passe qui pose problème. C’est le cas de Sofia, le quart de siècle entamé : « Le passage d’une année à l’autre m’angoisse. Je n’ai pas nécessairement envie de fêter l’année qui vient de s’écouler et de voir les années défiler, surtout si celle-ci ne s’est pas forcément bien passée. » Notre compte à rebours intérieur nous ferait-il peur ? « Le Nouvel An, c’est synonyme de passage, de la transition d’une année à l’autre. Il y a des gens qui se sentent mal à l’aise avec une représentation aussi traditionnelle du temps. Ça nous rappelle que le temps est organisé, que nous sommes prisonniers de la conception sociale du temps », décrypte Laurent Sébastien Fournier.

Pour Emmanuelle Lallement, il ne faut pas oublier le contexte actuel : « On vit dans un monde de plus en plus incertain, on ne sait pas ce que vont devenir nos enfants, on ne sait pas comment va évoluer la Terre.Comment faire des résolutions dans ce monde-là et les tenir ? ». Un constat partagé par Laurent Sébastien Fournier : « D’un côté, le passé est plutôt sombre, de l’autre, l’avenir est menacé par des problèmes environnementaux, économiques. Dans une société qui vit une crise du temps, c’est difficile d’avoir foi en l’an nouveau », note le chercheur.

  • Raison 4 : J’ai déjà trop de soirées (l’argument le plus « j’me la pète »)

Les occasions de faire la fête étant déjà nombreuses (« Comme si tu avais besoin d’une raison pour faire la fête », dirait ma mère), certains préfèrent réserver leur argent (et leur foie) pour plus tard. « Les fêtes étudiantes, les emménagements, les anniversaires, les pacs, il y a déjà tellement de soirées que je ne vois pas pourquoi je devrais absolument m’amuser le soir du réveillon. Si j’ai envie de faire la fête, je peux le faire n’importe quel jour dans l’année, mais ce sera ma décision », indique Julie, 28 ans.

« Historiquement, il y avait moins d’occasions de faire la fête, ça rompait l’ordinaire. Dans la société actuelle, on est sursollicités. Le Nouvel An a perdu ce côté exceptionnel de sociabilisation exceptionnelle. Les gens peuvent préférer le calme et la tranquillité pour rompre avec leur quotidien », avance l’anthropologue de Marseille.

  • Raison 5 : Je me la joue façon Greta Thunberg

A l’heure où l’écologie et la consommation responsable titillent les consciences, le réveillon, synonyme de surconsommation, ne fait plus rêver. « Cette soirée, elle représente l’inverse de ce que j’essaie de faire toute l’année. On est envahis de publicité, les gens achètent des quantités bien trop grandes qu’ils gaspilleront forcément, tout est dans l’excès », remarque Marie, trentenaire qui ne fête plus le réveillon depuis plusieurs années. « Aujourd’hui, il y a des préoccupations économiques, environnementales ou morales dans la société. Cette volonté de moins consommer, de moins acheter, de moins gaspiller ou de préserver l’environnement, elle est à l’opposé de ce que représente cette fête, synonyme de surconsommation et d’outrance », conclut Laurent Sébastien Fournier. Allez sur ce, on vous souhaite une bonne année !

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