Rheinmetall, le plus gros fabricant européen de munitions pour chars et pièces d’artillerie, est en train de faire tourner à plein régime son complexe industriel de défense en Basse-Saxe, en Allemagne, pour répondre aux besoins en blindés et munitions de l’Ukraine et des États membres de l’OTAN. Le site d’Unterlüß produit notamment des obus de 120 mm destinés au char de combat allemand Leopard 2, que Berlin a accepté de livrer à Kiev cette année après des mois d’hésitations. La cadence de production est passée de 60 000 pièces par an avant la guerre russe contre l’Ukraine à 240 000. Rheinmetall en produit « 400 à 500 unités par tournée de huit heures », en pouvant « encore augmenter la cadence », assure Harald Weismüller.
La Commission européenne a présenté un plan doté de 500 millions d’euros pour accélérer le rythme et atteindre un volume d’un million d’obus par an produits dans l’UE. Dans ce cadre, le commissaire européen à l’Industrie Thierry Breton s’est rendu dans les halles de production d’Unterlüß, où de nouvelles machines ont été installées pour améliorer le fraisage de canons lourds de plusieurs tonnes, ainsi que de nouvelles lignes de production. Une unité fortement automatisée pour produire des obus de 35 mm tirés à cadence élevée par le char antiaérien Gepard, également livré à l’Ukraine, « devrait démarrer dans moins de six semaines », selon Harald Weissmüller.
La guerre en Ukraine mais aussi le réarmement au pas de charge entamé par l’Allemagne depuis l’an dernier ont donné un nouvel élan aux affaires de Rheinmetall. Le groupe a intégré au printemps l’indice Dax des principales valeurs de la Bourse de Francfort, à côté des mastodontes Siemens et BASF. Le cours de ses actions a plus que doublé depuis l’invasion russe et son carnet de commandes, d’une valeur de 18,5 milliards d’euros, représente trois fois le chiffre d’affaires de 2022. Prochaine étape: s’implanter directement en Ukraine. Le fabricant allemand s’est récemment allié avec le conglomérat militaire publique ukrainien Ukroboronprom pour réparer puis dans un deuxième temps fabriquer des véhicules militaires directement sur place.
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