Il a seulement suffi que dans sa dernière livraison de la semaine passée, La Nouvelle pose très haut une lancinante question que de nombreux Camerounais n’arrêtent de se poser tout bas, sous les chaumières et les salons huppés de la capitale.
A savoir : Ngoh Ngoh est-il devenu ce caillou qui encombre vertigineusement ces dernières années, la chaussure de Paul Biya ?
Pour que dans son proche entourage, on entende des vertes et des pas mûres. Et pour se vider de leur colère de féaux dont le gourou est, pour eux, humilié, ce sont les journalistes de La Nouvelle qui sont aujourd’hui tancés de tous les noms d’oiseaux. Et surtout étiquetés de pauvres affamés. Le débat actuel sur le magistère de Ferdinand Ngoh Ngoh comme ministre d’Etat, secrétaire général de la présidence de la République se résumerait donc à ça ?
Quand on a une bonne et une mauvaise nouvelle, il faut toujours commencer par la bonne, ça fait passer l’autre. Donc, comment ne pas se féliciter en préambule, de la décision du Tribunal arbitral de sport (Tas), déclarant « irrecevables » toutes les plaintes contre la Caf, dont l’objectif final était de disqualifier les Lions indomptables à la Can 2019 qui commence dans quelques jours en Egypte. Notre équipe nationale de football va donc bel et bien jouer son premier match le 25 juin prochain contre la Guinée-Bissau. Voici précisément la mauvaise nouvelle : non seulement le chef de l’Etat a signé, mardi dernier, un décret portant création, organisation et fonctionnement du Comité d’organisation local du championnat d’Afrique des Nations (Chan 2020) et de la Coupe d’Afrique des Nations (Cocan 2021), il a aussi demandé aux fins limiers du Tribunal criminel spécial (Tcs) de mener des enquêtes approfondies sur la gestion des fonds alloués au Cocan 2019 créé par le décret du 11 août 2017. Ça, c’est la mauvaise nouvelle. Est-ce donc elle qui fait paniquer Ferdinand Ngoh Ngoh et son proche entourage ? Et pourtant, il n’est pas le seul responsable gouvernemental à être concerné par ce dossier explosif et scandaleux.
Mais pourquoi tant de fébrilité ? Tant de panique ? Tout simplement parce que, ce dossier, et pas des moindres, fait partie des scandales gênants qui désagrègent à profusion le pedigree de Ferdinand Ngoh Ngoh en tant que ministre d’Etat secrétaire général de la présidence de la République. D’où la mauvaise humeur ambiante. D’où aussi la paranoïa. Seulement, le plus consternant est sans doute de le voir peiner piteusement à trouver des marques pour sortir de cette nasse tressée par son infécondité managériale pathologique. Une infécondité qui fait aujourd’hui dire qu’il est un encombrant et pernicieux caillou dans la belle chaussure de Paul Biya. Un homme adulé par les Camerounais depuis 37 ans de règne, à qui, ils viennent à peine de renouveler un mandat de 7 ans : le mandat des Grandes Opportunités. Fasse le Ciel que Ferdinand Ngoh Ngoh se convainque d’abord de cette vérité infalsifiable. Inaltérable et inéluctable. Bien que, dans notre dernière édition, nous n’ignorassions point que le dire tout haut comme nous l’avons fait, revenait à éternuer dans une clarinette, nous avons pourtant mis un point d’honneur à nous interroger sur ce narcissisme enivrant et gouailleur de vice-dieu qui fait aujourd’hui opérer de si mauvais choix au ministre d’Etat dans les différents castings de ceux qui sont appelés, pour lui, à mettre en œuvre cette politique des Grandes opportunités du président de la République. Nous ne savions pas que le dire comme nous l’avons fait dans notre dernière édition était un crime de lèse-majesté. Et pourtant…
Riche du Renouveau
Cabossé par notre article comme il le prétend en petits comités, mais toujours en état de marche, Ferdinand Ngoh Ngoh ne s’est pas privé de nous traiter de « pauvres journalistes affamés ». Evidemment, bien emmitouflé dans son costume sur mesure de nouveau riche du Renouveau, on peut naturellement le comprendre. Surtout quand il se parade ainsi sous les vivats des courtisans satisfaits et enjoués. Question de se tresser lui-même sa couronne de grand bouffeur de journaleux affamés, tout en proclamant sa personne « sacrée ». De loin où nous sommes, nous pouvons deviner les sourires forcés de certains de ces courtisans qui, de toute évidence, ne peuvent rien lui dire de bon qui le contrarie. Une secte sacrifie rarement son gourou.
A La Nouvelle, face à cette puérile mise en spectacle des guignols, nous avons quand même bien rigolé. Car il y a en effet du pathétique dans tout cela. D’abord, parce que, pour faire bon poids, ces courtisans ringards, une espèce en voie de prolifération dans l’entourage de Ngoh Ngoh, ont cru bon de se vanter dans une sorte de fébrilité langagière qui ne traduit malheureusement que cette paranoïa, source de leur orgueil démesuré dont nous avons parlé plus haut. Ensuite, parce que même si ces courtisans sont des automates réglés en toutes circonstances sur l’humeur de leur prince, ils auraient pu adopter une autre posture que d’être ces revanchards en papier peint qui ne sont toujours prompts à sortir de leur niche que pour mordre jusqu’au sang les hérétiques. Malheureusement, avec de fragiles dents de lait qui peuvent à peine éprouver un morceau de camembert… La honte de ça !
Comme disent les Mrcistes.
Mais nous ne sommes pas dupes pour ignorer tout ce que cet illusionniste et théâtral remue-ménage prépare. Comme d’habitude, ça prépare le terrain à la seule stratégie qui vaille, dans le petit monde des adorateurs d’un Ngoh Ngoh infécond et poisseux : la victimisation.
Et leur héros sait y faire en la matière. Mieux que personne. L’homme est dans son élément. Car la stratégie du bouc-émissaire, des procès en sorcellerie et de la victimisation, ça évite de se faire des nœuds dans le cerveau. Surtout que le Tas vient de clore le premier volet de ce qu’il est convenu d’appeler aujourd’hui le « scandale de la Can 2019 ». Et que le Tcs est désormais appelé à mieux voir clair dans ce cafouillis de chiffres qui a permis à de beaux spécimens sans foi ni loi de la prédation de la fortune publique, de se distinguer une fois de plus avec une ardeur inusitée. La vraie question est donc de savoir si cette poussée de fièvre névrotique de Ferdinand Ngoh Ngoh et de sa bande de bras-cassés peut-elle suffire à faire baisser le thermomètre du Tcs aujourd’hui au point le plus culminant? Car, on veut bien que le ministre d’Etat secrétaire général de la présidence de la République devienne susceptible, comme il vit entouré de courtisans. Au point où toute critique, même anodine, devienne pour lui une offense à sa personne sacrée. Mais il faut bien qu’il soit lui-même comptable de ses actes. Et non de jeter la pierre sur les « journalistes affamés » qui n’ont jamais été, ni membres de la Cocan 2019, encore moins consultants de la Task force.
Bouc-émissaire
Faut-il le rappeler et le préciser. Quand on occupe une position dominante auprès du président de la République comme la sienne, qui d’autre que lui, le ministre d’Etat Sg/Pr, doit faire naitre l’espoir du bien-être social au sein de la population camerounaise. Malheureusement, dépourvu aujourd’hui de bilan après avoir tué Camair-Co et nous avoir fait rater l’organisation de la Can 2019, n’est-ce pas lui l’origine de tous les maux dont souffre le Cameroun aujourd’hui ?
Ses nombreux et récurrents manquements ne font-ils pas que décrédibiliser une parole publique qui n’en avait guère besoin ? A commencer par celle du président de la République qui l’aura pourtant nommé Sg/Pr, puis ministre d’Etat, en lui ouvrant toutes les portes du succès. Mieux, en lui remettant même le trousseau de clés des portes encore fermées aujourd’hui. Ce n’est pas pour ses beaux yeux que le président Paul Biya fait de lui ministre d’Etat, même sur le tard. Alors, pour quel bilan ? Face à un tel bilan chaotique, il faut tout de même avoir beaucoup d’inconscience politique et aucun sens de l’intérêt général pour se goberger aujourd’hui dans sa tour d’ivoire en raillant, goguenard, impétueux, berné par une sorte de condescendance insouciante, la précarité des autres.
Alors qu’il te revient à toi, ministre d’Etat Sg/Pr, d’élaborer des politiques sociales adéquates qui combattent cette précarité de tes compatriotes qui sape pourtant chaque jour les fondements de l’intégration nationale et qui contribue dangereusement à alimenter le chauvinisme ethno-régional et les tensions tribales entre les Camerounais. Malheureusement, Ferdinand Ngoh Ngoh à la fois dédaigneux et pateux, semble plutôt exploiter les ressorts de cette précarité ambiante de ses concitoyens pour en faire, soit des courtisans fanatisés bons pour la paillasse républicaine, soit des meurt-de faim indésirables qui ne méritent que mépris et injures.
Dieu soit loué ! Ngoh Ngoh devrait être soulagé que la colère de ces « affamés » n’ait pas encore fini de fracasser toutes les digues sociales de notre pays… Car comment admettre que celui qui doit implémenter au quotidien le vivre-ensemble et le manger-et-boire-ensemble autour du banquet national n’ait eu jusque-là pour seuls critères de choix que l’appartenance à son cercle familial et d’amis, aggravant ainsi le mécontentement populaire et la fracture sociale.
Source: 237online.com