Les autorités de Yaoundé croyaient prendre tout le monde de court en invitant le Haut-commissaire aux Droits de l’Homme de l’NU à Yaoundé. C’était compter sans le fait que malgré la vague de répression innommable qui s’abat avec une rare violence sur les Camerounais depuis l’éclatement de la guerre civile en régions anglophones, et sur les militants du MRC depuis la fin du scrutin présidentiel d’octobre 2018 dont le leader de ce parti continue de réclamer la victoire, des victimes et témoins des pratiques criminelles d’un Etat devenu hors-la loi sur ses citoyens, étaient résolus à éclairer par leurs témoignages, la lanterne de la présidente Michelle Bachelet.
Qui crache en l’air, reçoit la salive sur la figure ! Ils doivent s’en mordre les doigts, ceux qui ont conseillé au président Biya de prendre les devants en invitant au Cameroun tout un Haut-commissaire des Nations Unies alors que les autorités camerounaises ont à plusieurs reprises, ces dernières années, empêché des missions onusiennes et celles de nombreuse organisations des droits de l’homme de séjourner en territoire camerounais.
Pour répondre aux accusations formulées dans la déclaration du 6 mars 2019 du Haut-commissariat des Nations unies aux droits de l’homme, relatives aux violations des droits de l’homme perpétrées au Cameroun à l’encontre des militants de l’opposition et figures de la société civile ne partageant pas les vues du régime, ainsi que les populations civiles anglophones soupçonnées à tort ou à raison de sympathies pour les séparatistes, sans oublier les ressortissants des régions septentrionales dont certains paient de leurs vies de supposées accointances avec des membres du groupe terroriste Boko Haram, le régime de Yaoundé n’a pas trouvé mieux que d’inviter la responsable de cette institution onusienne, l’ex-présidente du Chili, Michelle Bachelet à se rendre sur place au Cameroun pour constater par elle-même, la « mystification droit-de-l’hommiste » dont il était victime.
Une initiative somme toute louable qui change un peu de l’antienne rayée du souverainisme intempestif dont Yaoundé aime à gaver les simples d’esprits à chaque fois qu’il est mis à l’index pour non respect ou violations des droits de l’homme.
Sauf que contrairement à une situation d’arbitraire consacrée au Cameroun, où dans tous les cénacles le nombre des représentants du régime se doit toujours d’être au moins strictement supérieur à celui de tous les partis d’opposition réunis représentés aux assises, il n’y avait, pour faire comprendre à madame Bachelet combien les droits de l’homme sont écrasés dans cet Etat devenu la principale menace à la quiétude de ses citoyens qu' »une seule place » pour chacun.
Voilà comment face à la voix de stentor de Emmanuel Simh conduisant la délégation du MRC, celle vive de Cabral Libii démontant méthodiquement la tricherie institutionnalisée du régime qui fausse le jeu démocratique à temps et à contretemps, ou celle assurée d’une Kah Walla décidément maitre dans l’art de dire les choses comme elles sont, la voix du régime, même portée par le barrissant timbre de l’ancien ministre Njiemoun Mama, n’a pu compter que pour ce qu’elle devait être : une voix récitant le texte rédigé par un régime encore prêt à sacrifier de nombreuses vies et libertés pour faire régner son ordre… établi.
Pas de quoi duper un ingénu.
En tout cas, pour des observateurs avisés à l’instar de l’enseignant Martin Tajo, la rencontre entre la présidente Bachelet et les parties prenantes de la scène socio-politico-sécuritaire du Cameroun augure de lendemains sombres pour le régime du président Biya.
Source: cameroonvoice.com