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Veolia prêt à s’emparer de Suez

Profitant de la volonté d'Engie de se recentrer sur l'énergie, Veolia se porte acquéreur de la participation d'Engie dans Suez. Le mariage de ces deux poids lourds français des services aux collectivités locales donnera naissance à un champion mondial dans la gestion de l'eau, des déchets et de l'énergie.

Profitant de la volonté d’Engie de se recentrer sur l’énergie, Veolia se porte acquéreur de la participation d’Engie dans Suez. Le mariage de ces deux poids lourds français des services aux collectivités locales donnera naissance à un champion mondial dans la gestion de l’eau, des déchets et de l’énergie.

Veolia rêvait depuis des années de mettre la main sur Suez, son grand rival français dans la gestion de l’eau et des déchets. Ce rêve a désormais une très grande chance de devenir réalité. Dimanche soir, le groupe dirigé par Antoine Frérot a en effet rendu public son intention d’acquérir auprès d’Engie, l’actionnaire de contrôle de Suez, 29,9% du capital de son concurrent. Dans un deuxième temps, une offre de rachat (sous condition suspensive d’obtention du feu vert des autorités anti-trust) des titres détenus par tous les autres actionnaires sera lancée.

Ni franchement hostile, ni totalement amicale, l’offre ne devrait pas être une surprise totale pour Engie. Car même si cette offre n’a pas encore été approuvée par le conseil d’administration d’Engie, le groupe d’énergie présidé par Jean-Pierre Clamadieu a fait savoir cet été qu’ il était prêt à se désengager de Suez pour se recentrer sur son coeur de métier . «Engie va étudier cette proposition dans les prochaines semaines, a déclaré l’énergéticien français dans un communiqué dimanche soir. Engie privilégiera la solution la plus attractive pour ses actionnaires, dans le respect des parties prenantes, et après prise en considération de la qualité du projet industriel».

Veolia a travaillé sur le dossier tout le mois d’août et l’Etat qui est actionnaire d’Engie (24% du capital mais 34% des droits de vote) a été tenu au courant et n’a visiblement pas cherché à tuer dans l’oeuf ce projet de rapprochement qui permettrait de donner naissance au numéro un mondial des services aux collectivités locales. «Nous allons créer le super champion mondial de la transformation écologique. En unissant nos forces, nous pourrons investir dans l’innovation et les projets d’infrastructures que les pouvoirs publics appellent de leurs voeux partout dans le monde», s’enthousiasme Antoine Frérot qui promet que l’opération sera relutive dès la première année.

Valorisé 7,55 milliards d’euros avant le lancement de l’opération et supportant une dette d’environ 10 milliards, Suez a vu son cours de Bourse passer de 18 euros en 2015 à un peu moins de 16 euros en février dernier. La crise sanitaire et économique a continué de fragiliser le cours qui a, depuis, chuté à 12,24 euros en fin de semaine dernière. Pour séduire Engie et les actionnaires de Suez, Veolia fait une offre à 15,50 euros par action, soit une prime de 50% par rapport au dernier cours avant qu’Engie ouvre, fin juillet, la porte à une cession. Le rachat de ce premier bloc coûterait donc autour de 3 milliards à Veolia.

En 2012, les deux entreprises avaient déjà engagé des discussions en vue d’un mariage . L’opération avait achoppé, en particulier parce que les entreprises très dominantes sur le marché de la distribution et de l’assainissement de l’eau en France (40% de part de marché pour Veolia, 20% pour Suez) risquaient de voir ce rapprochement bloqué par les autorités en charge de la concurrence. Veolia pense pouvoir aujourd’hui rassurer l’Autorité de la concurrence en annonçant dès maintenant que la branche eau France de Suez sera cédée au fonds Meridiam pour plusieurs milliards d’euros. Créé en 2005 par Thierry Déau, ancien directeur général d’Egis Projects (une filiale de la Caisse des Dépôts spécialisée dans le développement, le financement et la gestion des projets d’infrastructures), ce fonds investit dans des projets d’infrastructures (transports, télécoms, immobilier, énergie…) en France comme à l’international. Veolia s’engage à ce que l’opération n’ait pas d’impact négatif au niveau social en France. «C’est un projet qui a vocation à développer un groupe élargi», estime Antoine Frérot. Pas sûr pour autant que la fusion entre les deux frères ennemis tricolores enthousiasme les équipes de Suez qui pourront avoir le sentiment d’avoir été lâchées par leur actionnaire de référence, Engie, avec qui ils ont pourtant une très longue histoire commune.

Veolia a réalisé l’an dernier un chiffre d’affaires de 27,2 milliards d’euros, Suez de 18 milliards. Le nouvel ensemble devrait, post-cession, générer un chiffre d’affaires combiné tournant autour de 40 milliards d’euros.

En s’emparant de Suez, le nouveau Veolia ne pèsera toujours que 5% du marché mondial de la gestion de la ressource mais il progressera significativement de taille aux Etats-Unis comme en Amérique du Sud ou en Asie. Le nouvel ensemble dont les actifs se chevauchent peu devra sans doute procéder à des cessions en Australie et en Grande-Bretagne. Un peu comme le rachat de Lafarge par le suisse Holcim dans le ciment avait permis au nouvel ensemble de réduire en partie la voilure sur certains marchés matures comme la France, le tandem Veolia-Suez pourra, à la faveur de cette opération, réduire son exposition sur son marché domestique et devenir un groupe plus tourné vers l’international.

Envisagé et discuté depuis une dizaine d’années , ce mariage entre deux poids lourds français a été rendu possible par le contexte de crise économique. Comme souvent, les périodes de turbulences poussent en effet les entreprises les plus solides à prendre des risques et à s’emparer de rivales fragilisées par des problèmes de conjoncture ou de gouvernance.

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SOURCE: https://www.w24news.com

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