Mon président,
C’est pour chacune de ces petites filles qui tu as choisi cette ultime sacrifice. La guerre de Paul Biya menée contre ton peuple les a condamnées à la pr*stitution.
Voilà l’épée qui te transperce le cœur.
En dehors de la prison tu n’aurais jamais pu soutenir un tel opprobre sans prendre le risque de te voir lyncher.
Comment aurais-tu pu rester silencieux face à une telle descente aux enfers?
Je sais aussi que la prison n’est guère pour toi une consolation. Elle ne t’enlèvera pas cette culpabilité qui te ronge. Je te vois entrain de te mordre les doigts en te disant » Je dois agir pour sauver ces enfants. » Cette infamie choque et brutalise ta conscience et je vois d’ici ton cœur meurtri.
Comment aurais-tu pu éviter la prison face à ce degré de décrépitude?
Non, mon président, la prison ne saura ôter de ta conscience cette culpabilité légitime de voir des personnes sans défense être à la merci des charognards. Ces choses qui broient ton peuple tel un troupeau d’hyènes impitoyables sur une proie.
Mon président,
Puisse cette culpabilité puissante , divine, légitime te fortifier, toucher le cœur de Dieu et implorer sa pitié pour sortir ton peuple de la gueule du loup.
Courage mon président.
Source https://www.cameroonweb.com/CameroonHomePage/features/Lettre-Maurice-Kamto-suite-la-prostitution-des-enfants-du-NOSO-Douala-464872