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Avec la mort de Bernard Njonga, le Cameroun perd un combattant pour la souveraineté alimentaire

(Entreprise au Cameroun) – Ingénieur agronome de formation, rendu célèbre pour son militantisme pour la souveraineté alimentaire au Cameroun, Bernard Njonga est décédé dans la nuit du 21 au 22 février 2021 à l’âge de 66 ans. Il est décédé d’une maladie lors d’une évacuation médicale au CHU d’Amiens, en France, a-t-on appris de diverses sources proches du défunt. Ainsi se termine la vie d’un ardent défenseur du monde rural.

En effet, au terme d’une longue activité de plaidoyer et de lobbying initiée en 2003 à travers l’Association citoyenne pour la défense des intérêts collectifs (Acdic); et après plusieurs séjours dans les prisons de la police lors de manifestations publiques; Par la suite une pléthore de reportages radiophoniques et télévisés sponsorisés sur le déclin de l’industrie avicole au Cameroun, Bernard Njonga est celui qui a obtenu du gouvernement en mars 2006 l’interdiction d’importer des poulets congelés dans le pays.

Ce décret gouvernemental, toujours en vigueur 15 ans plus tard et qui a permis à l’industrie avicole locale de se heurter pendant des années, a essentiellement ancré la naissance de « Camerounais José Bové», Comme nous l’appellerons éventuellement. Sur les traces de son idole française (invitée au Cameroun par M. Njonga puis renvoyée à l’aéroport), dont il a habilement expérimenté les méthodes au Cameroun (plus de 15000 œufs ont été versés un matin devant les bâtiments du ministère de l’Élevage pour protestation contre la gestion de la grippe aviaire, ndlr), Bernard Njonga embrasse un autre combat, suite à la victoire sur le poulet congelé.

En fait, le gouvernement venait à peine d’interdire l’importation de poulets congelés lorsque, en mai 2006, une épizootie de grippe aviaire a éclaté dans le pays, anéantissant les premiers efforts de relance des aviculteurs camerounais. On verra alors Bernard Njonga dans les publicités et les marchés, mordant une cuisse de poulet ou mangeant des œufs, essayant d’arrêter le marasme des produits de volaille évités par les consommateurs par crainte d’une contamination par le virus H5N1. Bernard Njonga a cependant expliqué en vain que ce virus ne supporte pas la cuisson à la perfection, comme c’est le cas dans les habitudes alimentaires du Cameroun.

Scandale des tracteurs « Sonalika » …

Si nous ne parvenons pas à freiner le malaise sur le marché du poulet, « José Bové»Du Cameroun et des aviculteurs locaux, grâce à un lobbying intense dans les couloirs gouvernementaux, ils recevront à terme des compensations substantielles pour les acteurs de la filière avicole touchés par l’épizootie de 2006. Quelques mois plus tard, quand il a vu les prix du maïs sur le marché, il est intéressé dans la destination du financement mis à la disposition du « projet de maïsDu ministère de l’Agriculture, créé pour booster la production de cette céréale, qui représente 70% de l’aliment, l’aliment des poulets de ferme.

Suite à une enquête minutieusement menée sur les bassins de production du pays, Acdic et Bernard Njonga vont enquêter sur le détournement d’une partie des 2 milliards de FCFA gérés par « Projet maïsLe chef de projet est licencié et un peu plus tard discrètement mis à la disposition des autorités judiciaires. Le Cameroun doit aussi à cet agronome la dénonciation du scandale du tracteur « SonalikaDont l’usine de montage et des centaines de tracteurs prêts à l’emploi sont encore laissés dans les broussailles à Ebolowa, dans le sud du pays.

Sur la table de chasse de cet amoureux du monde rural et de la consommation de la production locale, on peut également évoquer la campagne de lutte contre les importations massives de produits alimentaires de consommation, qui pèsent sur la balance commerciale du pays; ainsi que la promotion des produits agro-alimentaires made in Cameroun, lors d’une grande soirée dégustation organisée à Yaoundé, la capitale du pays, à la veille de la foire agro-pastorale d’Ebolowa 2011. Démonstration du savoir-faire des boulangers et d’autres pâtissiers locaux utilisant des matières premières, M. Njonga se verra également offrir des facilités par les autorités camerounaises pour tenir un stand made in Cameroun lors de la foire agro-pastorale d’Ebolowa en 2011.

Mais en 2014, fatigué d’imposer ses idées aux décideurs politiques, il quitte la tête d’Acdic pour entrer en politique. Il est président du parti politique Croire au Cameroun (Crac) et souhaite briguer la plus haute fonction aux élections de 2018, auxquelles il ne participera finalement pas pour des raisons de santé. Mais il sera candidat dans la circonscription de Moungo Nord aux élections législatives de 2020. Mais il ne sera pas élu.

Une destination prédéfinie

Bref, le sort de Bernard Njonga ne lui a pas permis de transformer le Cameroun en 4 ans par le développement de l’agriculture, comme il aimait à le dire. Au contraire, il a marqué son temps en défendant la production agricole locale et la souveraineté alimentaire de son pays. Un chemin qui semblait lui avoir été tracé dès son plus jeune âge.

En effet, un jeune bachelor a réussi à la fois le concours d’entrée à l’Ecole d’Aéronautique d’Alger (Algérie), au Centre Universitaire des Sciences de la Santé (CUSS) et à l’Ecole Nationale d’Agriculture de l’époque (Ensa), Bernard Njonga, poussé par sa passion pour l’agriculture, il préférait une formation d’ingénieur agronome aux dépens de celle d’un médecin ou d’un ingénieur aéronautique civil.

Après avoir été nommé à l’Ensa comme fonctionnaire au ministère de la Recherche scientifique, il s’est vite senti à l’étroit après seulement 2 ans de carrière.Alors j’ai commencé l’enquête. Qu’est-ce que mon directeur et le ministre n’aimaient pas à l’époque, qui m’a incité à prendre la décision de démissionner de la fonction publique« , Il a dit.

À la fin des années 80, la néo-démission du service gouvernemental a créé le Service d’appui aux initiatives de développement local (Saild), une organisation non gouvernementale qui a commencé à publier >>La voix du fermier», Un journal qui promeut les activités agro-pastorales et est le bréviaire de nombreux entrepreneurs agricoles au Cameroun à ce jour. Mais c’est l’Acdic, qu’il a fondé en 2003, et qui défendra des objectifs liés au développement du monde rural et à la souveraineté alimentaire, qui amènera au firmament cet admirateur de José Bové, qui vient de disparaître. l’arme pendait par-dessus l’épaule.

Brice R. Mbodiam



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