Entreprise : révélations sur le rôle de Maurice Kamto dans le système Paul Fokam

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Le résident des Bahamas a la réputation de cultiver la solitude. Pourtant, en quarante ans, il a tissé un réseau sans pareil au Cameroun, mêlant politique et VIP aux affaires.

A 73 ans, Paul Fokam Kammogne reste l’un des VIP du monde des affaires camerounais. Le groupe Afriland First Bank (AFB), dont la holding AFG est basée en Suisse et qui a été maintes fois critiqué par la Banque des États de l’Afrique centrale (BEAC), est présent dans sept pays, de l’Ouganda au Bénin. par le Soudan du Sud. . L’entrepreneur, qui pratique le cloisonnement et la solitude à l’extrême, jouit depuis une quarantaine d’années d’une influence incontestée.

Sur ses terres, c’est lui qui choisit avec parcimonie ceux qui prendront ses faveurs en restant à l’écart du « groupe social des 30 », ce groupe désinvolte qui réunit régulièrement le meilleur de l’élite bamiléké des affaires et de la société. le recrutement, comme les clubs anglais, se fait par cooptation.

Relais en entreprise

Cela ne l’a pas empêché de nouer une amitié durable avec André Siaka, l’ancien patron des Brasseries du Cameroun et fondateur de Routd’Af qui l’a emmené au bureau du Groupement interpatronal du Cameroun (Gicam), où les deux sont . maintenant au Comité des sages. L’homme d’affaires apprécie également beaucoup Albert Nkemla, qui le considère comme « le grand frère » qu’il « n’a jamais eu ».

L’ancien salarié de Société Générale Cameroun et fondateur de la holding Afrigroupe a bénéficié des conseils du capitaine d’industrie tout au long du processus menant à l’octroi en mai 2018 de l’agrément bancaire à son institution de microfinance, le CCA (Crédit Communautaire Africain). C’est Jean Nkuete, originaire de Balessing (département de la Menoua), comme Nkemla, qui a contribué à rapprocher les deux hommes.

Nana Bouba Djoda a une place particulière dans ce cercle fermé. Ce self-made man originaire d’Adamaoua, dans le nord, est en quelque sorte son préféré, le banquier s’occupant personnellement de la croissance de son groupe, notamment de la transformation de la distribution vers l’industrie. , alors qu’il dirigeait encore la filiale camerounaise d’AFB. Mohamadou Dabo, récemment impliqué dans un scandale de gestion de fonds Covid, complète ce tableau, au point que le consul sud-coréen au Cameroun s’assoit autour de la table des filiales guinéennes, Afriland Bank et SAAR Insurance.

amitiés politiques

Dans la sphère politique locale, ses échanges avec l’opposant Maurice Kamto, tous deux originaires de Baham (département des Hauts-Plateaux) sont proverbiaux. « C’est une relation grand frère sur petit frère entre eux, remontant bien avant l’arrivée du leader du MRC [Mouvement pour la renaissance du Cameroun] dans la politique. Paul Fokam apprécie particulièrement « ce mécanisme intellectuel » qu’est Maurice », confie une connaissance des deux hommes.

Côté majorité, il peut compter sur Jean Nkuete, l’actuel secrétaire général du RDPC (Rassemblement démocratique du peuple camerounais, au pouvoir), qui fait parfois le lien entre les entrepreneurs bamilékés et le Palais Etoudi. Alors que cet économiste était secrétaire général de la présidence, il s’est engagé auprès du chef de l’État Paul Biya pour que la Caisse commune d’Épargne et d’Investissement (CCEI, ancêtre de l’AFB) obtienne un agrément bancaire en 1987.

Même s’il est désormais éliminé du fait de son incarcération à la prison de Kondengui, Jean-Marie Atangana Mebara jouit toujours de l’estime de Paul Fokam. En 2006, l’ancien secrétaire général de la présidence avait tenté en vain de favoriser le duo composé de SN Brussels et de Cenainvest, la filiale de capital-risque d’AFB, pour l’acquisition des 51% des parts de Camair-co.

Une initiative torpillée par le Premier ministre de l’époque, Ephraim Inoni. Si une certaine distance s’est développée entre Paul Fokam et son ancien employé Alamine Ousmane Mey (ancien patron de la branche camerounaise d’Afriland) après son entrée au gouvernement, l’entrepreneur aime se souvenir de sa relation privilégiée avec le père de l’actuel ministre. de l’économie, un baron de l’ère Ahmadou Ahidjo.

Les piliers de son système

« Alamine a avalé beaucoup de serpents lorsqu’il ‘dirigeait la banque' », se souvient un homme d’affaires qui a longtemps bénéficié du soutien de l’establishment. Célestin Guela Simo, neveu de Paul Fokam, dicte sa loi en la matière depuis deux décennies. Ce dernier s’appuie sur l’actuel directeur général adjoint pour favoriser l’émergence de jeunes entrepreneurs locaux avec des crédits.

Pour peser le système bancaire camerounais, le fondateur d’Afriland s’appuie sur Alphonse Nafack, dirigeant de la filiale locale de son groupe qui préside l’Association professionnelle des établissements de crédit camerounais (Apeccam), et Pierre Kam, ancien patron de la désormais défunte Former Africa Leasing Company (ALC ), qui dispose d’un secrétariat général. En assurance, il peut compter sur le fidèle Georges Léopold Kagou pour tenir les rênes de la Compagnie Africaine d’Assurance et de Réassurance (Saar).

En attendant l’épuisement des poursuites qu’il a avec la BEAC, qui continue de lui demander de rapatrier la holding AFG dans la zone, Paul Fokam a renforcé son contrôle sur celle-ci depuis son départ de la table ronde de la banque. Si Jean-Paul Kamdem continue à diriger le magasin de Genève, Joseph Toubi sera responsable du déploiement international, le dernier en date étant la succursale ougandaise.

Le fondateur du groupe pourra également le conseiller sur l’ancien ministre tunisien de l’économie, Hakim Ben Hammouda, qu’il a rencontré alors qu’il dirigeait le bureau centrafricain de la Commission économique pour l’Afrique (CEA).

Bien que le magnat camerounais ne songe pas encore à transférer, il prépare déjà la succession depuis deux décennies. L’un des favoris est son fils, Valéry Kammogne Fokam, ingénieur électricien déjà membre du conseil d’administration d’AFG et qui a longtemps dirigé la Société industrielle de traitement de la cellulose (Sitracel), la branche du groupe dédiée à la fabrication de produits hygiéniques et paramédicaux. Dans une embuscade, son frère Christian Fogaing Kammogne. Cet électronicien et électricien s’est cassé les dents sur les bords de la lagune d’Ebrié en tant que numéro deux de la filiale bancaire ivoirienne.

Son ami Alpha Condé

Si ses affaires l’ont conduit dans de nombreux palais, il n’a entretenu que de rares amitiés. La chute d’Alpha Condé en Guinée, sans doute son plus ardent supporter au niveau international, est un coup dur à cet égard. Le 21 juin, le président déchu a de nouveau salué sa « contribution exceptionnelle à la lutte contre la pauvreté » dans son pays en lui décernant la médaille de Commandeur de l’Ordre national du Mérite.

En près d’une décennie, le fondateur d’AFG avait évolué en territoire conquis à Conakry. Il y a ouvert une banque et une compagnie d’assurances, a mis en place son réseau de microfinance et a dirigé la Banque nationale d’investissement de Guinée (Bnig), dont il préside le conseil d’administration avec 10 % des parts. , sur la police. Le hors-jeu de son ami menace également de mettre fin au bail de Guy Laurent Fondjo, « Fokam boy » décomplexé et actuel patron d’AFB Guinée, en tant que conseiller spécial du Palais Sékhoutouréya.

Un autre coup dans son réseau l’attendait celui-ci : son retrait définitif et négocié de Guinée équatoriale en début d’année. Alors qu’il s’entendait très bien avec Teodoro Obiang Nguema Mbasogo pendant longtemps, Paul Fokam s’est disputé plusieurs années avec le chef de l’Etat, qui l’a accusé d’un manque de transparence dans la gestion de la filiale locale d’Afriland. Malabo est actionnaire. Yaoundé lui aurait épargné une sortie encore plus brutale.

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