Pouvoir à vie : la presse allemande ne comprend pas la longévité de Paul Biya

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Paul Biya a réussi à implanter le RDPC dans toute la zone, pour assurer la loyauté de l’armée, et compte tenu de son avis, l’opposition est divisée. Les appels à la mobilisation lancés hier par l’opposition au Cameroun n’ont pas rencontré de large réponse. À Yaoundé, les forces de police déployées à grande échelle ont réprimé la marche avant qu’elle ne prenne vraiment le dessus. Des dizaines de personnes ont été arrêtées et la résidence de l’opposant Maurice Kamto (MDC) a été encerclée, ce qui l’a empêché de quitter son domicile. À Douala, l’opération est devenue de facto un jour de ville morte. Mais comment se fait-il que l’opposition camerounaise ne parvienne pas à mobiliser les masses au pouvoir depuis novembre 1982 contre le président Paul Biya? Un président tranquille Bien que le président Biya soit souvent absent au Cameroun et généralement très discret dans les médias, il a réussi à rester au pouvoir sans que l’opposition parvienne à s’unir contre lui sans subir un véritable soulèvement populaire pour la demande de faire des lettres de change – en dehors de la protestation contre les mouvements séparatistes des pays anglophones. Son parti, le RDPC, a réussi à relier étroitement la quasi-totalité du territoire et à s’établir là où vivent les gens – et donc les électeurs. Pour Delmas Tsafack, chercheur et ancien analyste politique à l’ambassade de Belgique au Cameroun, il y a trois raisons principales: Premièrement, le «système électoral fermé»: «Ce système électoral ne garantit pas la transparence au moment des élections, malgré la mise en place d’un organe indépendant qui n’en est pas un. Les élections sont caractérisées par des fraudes, ce qui est difficile à prouver légalement pendant le processus électoral. Les votes des électeurs sont régulièrement achetés ou remplacés par des votes pour le parti au pouvoir.  » Cliquez sur l’image ci-dessous pour écouter l’analyse complète de Delmas Tsafack: L’État et le parti ne font qu’un, une unité basée sur un mécanisme de dépendance mutuelle qui ne s’effondre pas. La légitimité du RDPC n’est pas remise en question au niveau de la base. Opposition divisée L’opposition n’a pas réussi à créer un réseau comparable de manière plus fragmentée. De plus, les partis d’opposition sont souvent animés par des dissidents du système (comme Maurice Kamto) ou des familles riches et influentes, et ils cherchent donc à générer un soutien massif pour un programme de renouveau. De temps en temps cependant, comme en août 2020, une partie de la population (notamment à Kribi, notamment à Bertoua) proteste contre le coût de la vie élevé.

Des progrès tout relatifs

Les progrès sociaux et économiques du Cameroun de l’ère Biya sont tout relatifs.

Dans le rapport 2019 sur le développement humain du PNUD, le pays est classé 150è sur 189 pays. Et en dépit d’améliorations en termes d’espérance de vie, de scolarisation ou de revenu moyen par habitant depuis 1990, le Cameroun stagne au niveau du Zimbabwe et n’atteint pas l’Indice de Développement Humain de pays comparables comme Madagascar ou le Ghana. Son IDH est d’ailleurs un peu inférieur à l’IDH moyen de l’Afrique subsaharienne.

Une armée au garde-à-vous

Mais l’un des piliers du régime Biya, c’est aussi la loyauté de l’armée, selon Michel Luntumbue, chercheur au GRIP, à Bruxelles. Hormis une tentative de coup d’Etat en avril 1984, Paul Biya a réussi à s’attacher les soldats de l’armée nationale, jusqu’aux officiers, souligne le chercheur, « en leur proposant un plan de carrière » hors pairs dans la sous-région et en garantissant dans leurs rangs le renouvellement des générations.

Ces éléments expliquent la stabilité du régime camerounais, qui n’a plus sur le continent, selon Michel Luntumbue, d’équivalent qu’au Congo Brazzaville, en Guinée équatoriale et au Gabon.

REF: dw.com

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