Budget : le Cameroun peine à prendre en compte l’égalité femmes-hommes malgré les consignes de Paul Biya

(Investir au Cameroun) – Dans sa récente circulaire sur l’intégration et l’évaluation de la budgétisation sensible au genre (c’est-à-dire prenant en compte l’égalité hommes-femmes), le ministre des Finances (Minfi), Louis Paul Motaze (photo), révèle que le gouvernement s’y opposant malgré les instructions du président de la République, Paul Biya.

«S’agissant du budget de l’Etat, malgré les circulaires présidentielles insistant sur la nécessité d’en tenir compte lors de l’élaboration du budget, des insuffisances subsistent quant à la prise en compte des besoins, intérêts et préoccupations spécifiques des hommes et des femmes. , filles et garçons dans les projets annuels de performance des ministères‘ a écrit le Minfi.

De plus, ajoute le responsable, les mesures prises et les ressources dépensées dans le budget continuent de réduire les inégalités entre les hommes et les femmes »sans importanceIl souligne que les plans, programmes, stratégies et budgets publics qui définissent les priorités de développement ne tiennent pas suffisamment compte des engagements en matière d’égalité des sexes.

Om de situatie te verhelpen, geeft de Minfi aan, is de regering nu van plan om de systematische behandeling van gender in de staatsbegroting, een credo dat wordt ondersteund door de doelstellingen voor duurzame ontwikkeling van de Agenda 2030, in overeenstemming met de Nationale Strategie te faire. (SND30). En ce sens, précise le Minfi, la budgétisation sensible au genre n’est ni un budget séparé pour les femmes, ni une ségrégation fiscale, avec des crédits alloués séparément aux hommes et aux femmes dans le budget général. Il ne s’agit pas nécessairement d’augmenter les dépenses consacrées aux programmes ciblés pour les femmes; il s’efforce plutôt d’obtenir une allocation optimale et adéquate des ressources pour contribuer à l’égalité entre les femmes et les hommes et à l’autonomisation des femmes. Cela se traduit par des programmes et des actions, à travers la définition d’objectifs et d’indicateurs sensibles au genre.

Considérée comme une innovation, l’application de la budgétisation sensible au genre est fixée pour 2022, selon la circulaire signée le 30 août 2021 par le président de la République. « D’ici 2022, le document budgétaire sensible au genre devrait couvrir à titre pilote les ministères en charge de l’agriculture, de l’élevage, de la décentralisation, de l’enseignement primaire, de l’enseignement secondaire, de la santé, des affaires sociales et de la promotion de la femme», a-t-on pu lire dans le document. Mais selon le Minfi, ces consignes présidentielles ont été très peu respectées.

Le Cameroun se classe mal en termes d’égalité des sexes. Selon le Rapport sur le développement humain 2020, l’indice d’inégalité entre les sexes (GII) est de 0,560. Cela place le pays à la 141ème place mondiale sur 162. Selon l’ONG internationale GenCap, la discrimination entre filles et garçons, femmes et hommes reste un obstacle majeur au développement humain au Cameroun. En effet, selon GenCap, 39% de la population nationale vit en dessous du seuil de pauvreté. Ce pourcentage monte à 51,5 % pour les femmes. 79,2% d’entre eux sont au chômage.

Sylvain Andzongo